dimanche 5 juillet 2009

Agriculture vivrière au Burkina: des faits, des visions, des hommes.... de quoi débattre !

Voilà une semaine que je suis rentrée du Burkina ; il est temps de poster quelque chose et de vous tenir informés avant de poursuivre la course folle de l'écriture de mon mémoire!

Pour vous resituer le contexte, je suis partie en mission pour un mois au Burkina: 10 jours à Ouaga pour faire un état des lieux rapide de l'aval de la filière maïs (commerçants, industriels...) et 15 jours dans les villages de deux zones du pays: la région des Hauts Bassins (qui représente le bassin cotonnier) et la région Centre Ouest (qui n'a pas un ancrage au coton aussi fort- on y cultive en priorité maïs, céréales traditionnelles et tubercules ). Pendant cette deuxième phase, j'ai suivi deux organisation de producteurs (OP-une dans chaque zone) et je me suis attachée à mener des enquêtes auprès d'une centaine de producteurs et à rencontrer les responsables des différents démembrements des 2 OP pour savoir quelles étaient leurs vision et leurs stratégies de production et de commercialisation du maïs dans le contexte actuel.

Pourquoi ce sujet?
Comme je le soulignais dans mon précédent message, l'objectif de sécurité alimentaire prévaut et l'organisation des marchés vivriers est un sac de nœuds certes mais c'est aussi une des conditions essentielles pour que l'agriculture d'un pays donné parvienne à nourrir sa population tout en étant génératrice de revenus pour ses producteurs.
Le maïs répond à ces objectifs puisqu'il peut être consommé et vendu. Qui plus est, il a un potentiel de rendement élevé : sauf accident climatique, il se cultive très bien au Burkina, en pluvial. Il peut être stocké, transformé et répondre à de nombreux débouchés (alimentation humaine-minoterie, brasserie..., animale)
Par ailleurs, comme je le disais avant, il est cultivé en rotation avec le coton en zone cotonnière où il bénéficie des arrières effets des engrais apportés au coton. Puisqu'il assurait une source de nourriture aux producteurs de coton, on a ainsi encouragé la culture du maïs en zone cotonnière.
Enfin, dernier point d'info pour que vous compreniez bien le système: la filière coton est structurée par des sociétés cotonnières qui ont été privatisées depuis quelques années et qui organisent le marché du coton de la production à la commercialisation. Tout fonctionne parfaitement (en termes d'organisation du travail- d'autres aléas viennent porter ombrage au tableau) : les producteurs reçoivent des intrants (engrais et herbicides-pesticides) à crédit (à un prix très avantageux par rapport au prix du marché puisqu'ils sont subventionnés par l'Etat); ils reçoivent des conseils techniques pour optimiser leur rendement coton et ils revendent toute leur production à la société cotonnière. Rien ne se gagne, rien ne se perd!
Ou presque... il se trouve que les sols ne jouissent pas d'une fertilité qui s'auto-régénérerait naturellement quelques soient les pratiques employées. Donc : les engrais, même pour les productions autres que le coton, ont besoin d'un minimum de fertilisation. Et comme chacun sait, quelques soient les rendements de la culture, la fleur du cotonnier ne nourrit pas son homme !Et l'Etat ne subventionne pas les engrais hors coton donc conclusion générale: les engrais fournis par les société cotonnières pour la culture du coton sont également utilisés par les producteurs pour la culture du maïs. Et, à raison.
Voilà donc pourquoi ces deux cultures sont intimement liées et pourquoi je me suis penchée sur cette question.
J'y ajoute : le cours du coton est au plus bas: il devient non rentable pour les producteurs de cultiver le coton s'ils ne font pas de grands volumes MAIS ils reçoivent toujours des engrais dont ils se servent pour leur maïs. Tunnel sans issue?

De ci de là, depuis quelques années, la profession tente d'organiser le marché du maïs, bien plus complexe à maîtriser que le coton : 3 objets pour le décrire:
1- un yoyo; 2- un livre "Où est Charlie" (vous vous souvenez?); 3- une marmite
Je ne délire pas, je vous assure ! Je suis très tentée de vous laisser trouver seul la signification de cette petite énigme ! Oui, je vous dis déjà beaucoup de choses et j'espère en rediscuter avec ceux que ça intrigue vraiment !
L'organisation passe par l'approvisionnement en intrants et la commercialisation de la production.

Enquêtes et premières impressions.

En zone cotonnière, le LA est donné par l'Organisation des producteurs de coton: quoi qu'il arrive, le coton restera en place et on envisage tout à fait le développement simultané des filières maïs et coton.
Les sociétés cotonnières appuient la structuration de la filière maïs par des conseils, des appuis logistiques, la garantie des crédits contractés. Elle espère ainsi que si le maïs prend son envol, le coton pourra retrouver ce qui lui appartient: engrais saupoudrés d'appuis techniques pour de bons rendements.
Le LA est suivi par les producteurs qui ne se voient guère sortir de la culture du coton tant qu'ils n'ont pas de solution stable et durable pour le maïs : des engrais pour produire, un prix d'achat stable, un débouché assuré. Tel est leur crédo.

Dans les zones où le coton est moins présent, les horizons semblent plus vastes même si la situation est plus précaire: là, on diversifie davantage, on pratique des rotations qui entretiennent les sols, on fait davantage usage de la fumure organique, on cherche à se débrouiller seul en s'entourant de compétences techniques, en essayant de s'assurer une autonomie financière mais ce n'est pas chose facile: les partenaires restent frileux à ce genre d'entreprise car elles sont risquées et n'apportent pas de garanties crédibles pour un emprunt par exemple.

Bilan des courses:
à une échelle macro: offre et demande ne se rencontrent pas ; on importe du maïs au Burkina et les producteurs ne sont pas crédibles aux yeux des industriels.
Le gouvernement a un rôle à jouer dans le soutien à la production et dans l'aide au commerce des produits agricoles.
Il vient d'annoncer une intention de subvention des intrants maïs pour cette campagne mais ça n'était pas encore clairement établi au 26 juin alors que la campagne avait déjà débuté.

A une échelle micro: les producteurs les plus éclairés sont prêts à se retrousser les manches pour se lancer dans une entreprise sérieuse qui viserait à répondre à la demande du marché en maïs. A force de formation et de "calculs" comme ils le disent (comprendre: gérer son argent), ils pourront faire leur métier dignement (sans se tuer à la tâche et sans être sous le joug d'une poignée d'hommes d'une autre espèce). Le chemin est encore long mais si je n'y retourne pas avant, je serai très curieuse de voir l'évolution de ces mêmes paysans dans ces deux organisations aux visées distinctes dans 5 ans.

Maintenant, je serais vraiment très contente d'avoir vos réactions sur ces mots alors n'hésitez pas à me faire des retours.

samedi 20 juin 2009

A la découverte des terres du Faso

Poursuite du périple, un an plus tard... visite éclair d'un mois pour élucider la question des blocages de la production vivrière en Afrique ! Vaste champ et grande ambition...
Restreignons: prenons le coton, pratiqué depuis quelques décennies et les cultures céréalières en place ici depuis la nuit des temps.
Ajoutons la culture du maïs pratiquée en rotation avec le coton de façon "obligatoire" depuis quelques décennies.
Analysons la situation actuelle de la relation entre ces deux là, à la lumière de données beaucoup moins palpables qui se jouent à des échelles plus larges : cours du coton et du pétrole (et donc des engrais) par exemple. Entre en scène la sacro sainte sécurité alimentaire qui n'a de sacro saint que le terme mais qui cache tout de même au delà de son caractère politique les moyens de subsistance d'êtres humains relativement nombreux.
En clair, je m'intéresse ici, au Faso, à la place de la culture du maïs, à son développement et à la structuration de sa filière.
Puisqu'il s'agit d'un blog et non pas d'un mémoire ou d'un plaidoyer, je m'en vais de suite aux choses concrètes: le Faso et ses terres nourricières en images:


Greniers dans le village de Dramandougou, région des Cascades































Le semis du coton transgénique par les femmes.

Suite au prochain numéro!


lundi 26 mai 2008

La mangue, l’or multicolore du Mali?

Amélie ? Kent ? Keit ? Valencia ? Demoiselles en robes vertes, jaunes, orange, rouges voir pourpres, voici les variétés de mangues améliorées présentes au Mali et obtenues par greffage des variétés locales.
Les principaux bassins de production de la mangue se situent dans les localités de Bougouni, Yanfolila, Sikasso (3ème région), Koulikoro, Kati, Siby (2ème région) et Ségou (4ème région). Les vergers s’y succèdent et fourniraient quelques 540 000 tonnes de fruits par an sur une surface de 28 400 hectares bénéficiant ainsi à 150 000 producteurs. Les données statistiques sont très peu nombreuses et il ne s’agit là que d’estimations. Des systèmes de repérage et estimation plus précise du potentiel de production par télédétection sont en cours de mise en place.
La période productive étant relativement courte et la mangue étant un produit fragile, de grandes pertes sont observées chaque année faute de structures de conservation, conditionnement ou transformation pour absorber cette production.
Cette filière au potentiel fort suscite alors un grand intérêt de la part du gouvernement et des bailleurs de fonds.
Ainsi, le SIAGRI, Salon International de l’Agriculture qui a lieu du 24 au 30 avril à Bamako a consacré une journée entière à la mangue. Lancée par M. Tiemoko SANGARE, Ministre de l’Agriculture, conférences, témoignages d’acteurs, dégustations et animations lui ont fait honneur.

Avec un marché local peu rémunérateur, l’export est le débouché visé par les professionnels de la filière : marchés européens et bientôt nord africains, la mangue s’exporte fraîche ou transformée par bateau ou avion.

Des producteurs locaux aux revendeurs européens, le circuit structuré de la mangue fraîche.
Du verger de Bougouni à la centrale d’achat de Marseille ou Rotterdam, ce ne sont pas moins de trois étapes intermédiaires qui se succèdent.
Les pisteurs collectent tout d’abord les fruits auprès du producteur et les acheminent jusqu’à la station de conditionnement où les fruits arrivent en casier de 18 kg, pèle mêle et repartent en cartons de 4kg, calibrés, à un degré de maturité plus ou moins élevé selon qu’ils sont destinés au fret avion ou au transport bateau. Deux jours de transit en avion pour un prix de vente de 4€ le kilo contre deux semaines par bateau et un carton de 4 kg à 3-4 €, il va sans dire que la préférence des professionnels revient à la première formule bien que les coûts soient presque prohibitifs. Le producteur aura, quant à lui, reçu 1500 FCFA pour un casier de 18kg.
M. Konaté, directeur de la jeune Société Fruitière de Bougouni déplore les difficultés liées à l’approvisionnement qui sont un frein pour le développement du fret avion. Les coûts de transport ainsi que la vente à commission par les centrales d’achat européennes sont autant de contraintes soulevées par le directeur. Toutefois, la société est très récente et la structuration de la filière de façon globale n’en est qu’à ses balbutiements. Les acteurs ont besoin de formation en termes d’agronomie, gestion, économie de marché…
Les actionnaires de cette société sont des privés comme des structures publiques (collectivités territoriales, APEJ -Agence pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes). La station emploie 45 personnes de façon permanente (5 gestionnaires et 35 trieurs). En fonctionnement pendant 4 mois de l’année, il est envisagé de l’utiliser pour le conditionnement du haricot vert en période d’hivernage (de septembre à janvier).

Abracadabra ! Voilà la mangue transformée

Côté producteurs et productrices, les moyens sont moins importants mais les bras et les idées sont là.
Ainsi, la coopérative féminine Jeka baara (espoir par le travail) en est un bon exemple. Composée d’une quarantaine de femmes, chacune vend sa production à la coopérative et cotise pour l’investissement dans le matériel de transformation. Pour la mangue, il s’agit de jus, mangue séchée et confiture. Le noyau est à l’étude pour en extraire l’huile, fabuleux remède contre les rides.
En lien étroit avec l’APCAM, les femmes de la coopérative ont saisi quelques caractéristiques fondamentales inhérentes au marché (respect des normes d’hygiène, notion de risque économique) et elles adoptent un comportement stratégique s’orientant vers une logique marchande
Ainsi, elles ont récemment puisé dans leur fonds de roulement pour investir dans un séchoir à gaz dont la capacité est dix fois plus importante que celle d’un séchoir solaire, leur objectif étant de réaliser une grande production à vendre à l’occasion du SIAGRI.
A Bamako, on trouve les produits de Jeka Baara au niveau de leur boutique et dans les alimentations et cybercafés. Les productrices/transformatrices se déplacent par ailleurs également sur les foires et salons nationaux, régionaux et internationaux pour faire la promotion de leurs produits et en assurer la vente. Mme Kone Rokiatou Traoré, présidente de la coopérative explique qu’elles recherchent désormais un partenaire fixe à l’étranger afin de faciliter la logistique et garantir l’écoulement de l’intégralité de leur production de façon continue. La coopérative permet de générer des revenus pour les femmes et elle leur donne également l’opportunité de recevoir de la formation (alphabétisation, gestion…).

Qualité et marchés de niche pour la reine…

La certification est recherchée par tous les professionnels.
Ainsi, M. Konaté convoite la certification GlobalGAP pour ses mangues fraîches, une reconnaissance de qualité de la production, obligatoire pour la grande distribution privée européenne. Par ailleurs, ayant signé un contrat avec le Mobiom, Mouvement Biologique du Mali, il va désormais exporter des mangues certifiées bio issues de vergers ainsi reconnus.
Ne pouvant pas encore prétendre à la certification équitable, les efforts vont aller dans ce sens à l’avenir afin de couvrir un marché européen exigeant mais également sensible à des paramètres tant organoleptiques que sociaux.

Soutien à la filière

Conscients de son potentiel, les bailleurs de fonds s’intéressent à la filière et appuient son développement via l’innovation technologique, l’accès au financement, la structuration de la profession, la construction d’infrastructures de conditionnement et transformation. L’accent est mis sur la commercialisation, la connaissance du marché, le marketing et la certification de qualité.
Ainsi, le PCDA, Programme Compétitivité et Diversification Agricole, d’envergure nationale est financé principalement par la Banque Mondiale et met, entre autres filières, un fort accent sur l’appui à la filière mangues
USAID, l’agence de développement américaine apporte un appui via son programme IICEM, (Initiative Intégrée pour la Croissance Economique au Mali) de même que l’agence Suisse Helvetas soutient le développement de la filière conventionnelle et biologique.

La saison ayant récemment débuté, des craintes se lèvent concernant la durée de la période pendant laquelle la cueillette est rentable. En effet, les pluies étant très précoces cette année, la mouche des fruits risque de se développer plus précocement, menaçant ainsi la qualité du produit pour lequel les autorités douanières européennes affichent une tolérance zéro id est sans aucune piqûre. Ceci constitue une raison supplémentaire pour envisager le marché nord africain, moins exigeant en termes de qualité.

En exploitant le potentiel de production existant et en se professionnalisant, les acteurs de la filière peuvent espérer faire de la filière mangue un secteur moteur de l’agriculture malienne.

Après l’or jaune, minerai présent dans le sous-sol malien et second produit d’exportation, l’or blanc constitué par son coton, le Mali aurait-il, avec sa mangue, fait la découverte de l’or aux couleurs de son drapeau ?

jeudi 15 mai 2008

Mali, que fais tu de ta terre et de tes bras ?




Du 21 au 27 avril, j’ai accompagné une mission de supervision d’un programme de la Banque Mondiale qui soutient le transfert de technologies agricoles et renforce la structuration des organisations paysannes. Un p’tit tour du pays du côté fruits de ses entrailles.
La filière RIZ, on en parle dans tous les sens autour de moi depuis 4 mois et je viens d’apercevoir le premier épi dans la région de Niono, dans le delta central du Niger, zone productive administrée par l’Office du Niger. Le pays n’est pas autosuffisant et importe de la Chine, de l’Inde d’où le contre coup ressenti ici suite à la hausse des prix internationaux. C’est la consommation principale en ville.
Un paysage magnifique, alternance de verdure, de canaux, de pistes de latérite, verdure encore mais c’est la canne à sucre qui en est à l’origine cette fois-ci.



Les CEREALES, nombreuses et à la base de l’alimentation en brousse sont cultivées de façon extensive : le mil, le sorgho, le fonio (graminées qui donne un grain très fin qui ressemble au couscous et affiche une digestibilité et des qualités diététiques intéressantes…en rotation avec le riz au niveau de l’assiette, c’est un bon deal !) le maïs, le blé de façon marginale.






Le COTON, est exploité dans la région de Sikasso, au sud est du pays pour sa fibre (il s’agit de la graine sur la photo). L’or blanc, tel était son petit nom auparavant, quand ça marchait mais la filière administrée de façon étatique depuis les temps coloniaux s’est peu à peu effondrée en raison d’une mauvaise gestion et d’un contexte commercial international difficile.
Les cotonculteurs bien lotis auparavant sont parmi les plus pauvres du pays désormais.
Alors on essaie de privatiser, donner de l’air à tout ce système figé mais… laborieux, épineux…

Les LEGUMINEUSES et le MARAICHAGE
Voilà présentés les deux produits ayant régner en maîtres incontestables dans l’agriculture malienne pendant longtemps. S’en est fini, l’heure est à « chacun a une place qui lui est réservée dans ce bas monde ».
Le niébé, espèce d’haricot, l’arachide, l’oignon, l’échalote, la tomate, le poivron, le piment, la pomme de terre ne se le sont pas fait dire deux fois.
Cultivé en rotation avec d’autres spéculations ou en contre saison (période sèche, quand on ne peut plus cultiver le riz), ces productions permettent de diversifier l’alimentation, de soulager les sols et de s’attirer une activité et des revenus surtout pendant toute l’année. Cela permet même aux jeunes gens de brousse de ne pas partir chercher leur vie en ville en vendant des cartes de téléphone, cirant des chaussures…C’est ça le pouvoir de la terre… et de l’intelligence humaine aussi.


LES FRUITS
Est-ce que je me lance ou bien je me retiens de vous déverser toute la passion que je nourris pour la mangue ? Je vais me retenir pour l’heure mais je vous promets un topo complet et percutant sous peu.
Alors, en dehors de la mangue, c’est la banane, la papaye, la pastèque, la goyave, l’anacarde (en voilà un beau spécimen) qui se développe un peu un peu.
Hum… AUTRES
J’appelle le karité dont la noix donne le beurre dont l’odeur est certes peu alléchante mais dont les utilisations sont multiples : cuisine, peau et dont les vertus sont avérées pour la peau mesdames, messieurs, avis à ceux qui prennent soin d’eux-mêmes.
La noix de cajou, la graine de sésame, la gomme arabique, la fleur de bissap, le fruit du Ballanites aegyptica (avis aux botanistes). On fait des sirops avec les deux derniers.
Autre catégorie à part, dont l’objet n’est pas l’alimentaire… « J’appelle les demoiselles en vogue…cultures énergétiques, êtes vous présentes en terre malienne ? »… « Eh bien, nous aussi avons une place réservée ici ». Jatropha de son vrai nom s’installe timidement, à l’initiative de compagnie d’agrobusiness françaises et autres… A l’heure de l’expérimentation, en période de menace de crise alimentaire, elles sont font discrètes mais attendent leur heure de gloire…

Je me lance dans les animaux ?

Quand je dis : mali, que fais tu de ta terre et de tes bras, ce sont eux aussi. Les vivres viennent de la terre pour eux aussi, ils la foulent, la piétinent, la vole aux végétaux même parfois. Ils utilisent et sont aussi les bras de l’agriculture malienne.
C’est rapide, ils sont de 4types : les bovins (zébus surtout), les ovins et caprins, les camelins et la volaille. Des chevaux, quelques uns, rachitiques, prêts à te manger le bras si tu tentes d’établir une certaine relation privilégiée à l’européenne avec eux. Oh, les ânes, j’oubliais. Eux sont les jambes et le dos du Mali.
Commentaires : le drame de l’élevage c’est son alimentation. Que fait-on des fruits de la terre pour nourrir les êtres à quatre pattes ? Hum…rien, on les brûle ou on les laisse se perdre. Il faut brûler pour des raisons obscures parfois et on laisse se perdre la paille de riz ou les tiges de mil. Il y a des choses à faire en la matière. Le deuxième talon d’Achille, c’est la santé animale qu’on néglige volontiers faute de connaissance et de moyens.
Quelle exploitation fait-on de tout cela ? Viande, lait, cuirs et peaux, œufs. Tout cela existe mais en des quantités et avec une disponibilité ridicules. La majeure partie de l’élevage bovin se situe au Nord, dans la bande sahélienne et il s’agit d’un élevage transhumant. Difficile dès lors de mettre en place des infrastructures pour l’élevage, des circuits de collecte de lait… Ceci existe et se développe doucement, doucement. Un seul fromage existe à ce jour, la tomme de Koutiala, que je n’ai malheureusement pas eu le plaisir de goûter…Production si petite qu’elle était en rupture très tôt lors du SIAGRI, Salon International de l’Agriculture organisé à Bamako du 24 au 30 avril. Une bonne initiative, vitrine de l’existant et des potentialités agricoles, pas mal.
Pour finir, quelques commentaire épars sur :
- la terre : sujet chaud, épineux quand on aborde la question de la propriété : l’oralité, l’appartenance ancestrale fait loi. Il existe des titres fonciers mais c’est une notion encore peu répandue. Le droit à la terre est une notion très floue.
Il en est de même pour la gestion durable des terres. Concept fumeux pour certains, élément essentiel de la révolution verte envisagée par les optimistes…
Point essentiel : la terre ici, c’est la latérite, la couleur rouge, qui s’amasse sur les plaintes dans les maisons, teinte les cheveux sur la moto…

La terre ici, c’est le sable, qui est le lot de nombre de piroguiers qui font des allers-retours entre le fonds et la surface du fleuve Niger, seau à la main pour en extirper les précieux grains qu’on vendra sur le marché qui porte son nom, pour la construction. Qu’on essaye seulement de s’approcher trop près, appareil photo à la main, de ces tas débarqués des pirogues arrêtées sur la rive…
« Viens ici… viens plonger avec nous… tu sais pas ce que c’est… »
La terre ici, c’est l’or. Le Mali est riche de ce minerai, au sud est. C’est son principal produit d’exportation. Rapportant à une poignée de personnes, le Mali n’en voit guère la couleur…

- les bras, mon second, ce sont tous ceux qui cultivent traitent, transforment, manipulent les fruits de mon premier. Ce sont des hommes en boubous et turbans de coton bleu, des femmes portant leur poids sur leur tête, des têtes coiffées de chapeaux pointus peuls. Ce sont des exploitations familiales d’une vingtaine de personnes. Des femmes pour beaucoup, il faut vraiment le souligner. Mes mots tarissent. Je peux ressentir vote douleur comme la femme dogon qui voit le canal s’assécher au beau milieu de son paysage de roches stériles au moment où prend fin l’hivernage. Pas de crainte, les saisons alternent et chose peu fréquente : la saison des pluies est très précoce cette année : on reçoit de l’eau ici quelques trois fois par semaine… Bon, un long moment, descriptif, passionné, sarcastique… vous êtes fatigués ? Vous êtes curieux ? Vous voulez des infos sur la mode au Mali ? L’accès à la culture/ au sport : à l’information ? Les coutumes en termes de mariage, naissance et mort ? Le sentiment mitigé que l’on ressent en tant que descendant de colonisateur ? La relation entre toubabou (blancs) et farafi (noirs) au Mali ? Posez vos questions, donnez moi vos commentaires ; je me ferai un plaisir de vous éclai





jeudi 3 avril 2008

Nourriture spirituelle et corporelle…



Le Mali est un pays très laïque en cela que toutes les consécrations sont acceptées et les fêtes chrétiennes sont chômées au même titre que les fêtes musulmanes.
Ainsi, le 20 mars, on fêtait Maouloud, la naissance du prophète Mohamed, le 23, on observait Pâques, la résurrection de Jésus et le 26 le baptême de Mohamed.
En pratique, un week end de 6 jours si on arrive à négocier quelques arrangements.
J’en ai profité pour ma part pour me rendre à Kita, la capitale des chrétiens au Mali, lieu de pèlerinage dédié à Marie, par curiosité et portée par un sentiment de proximité vis-à-vis de mes frères chrétiens. La distance s’est toutefois maintenue par la langue dans laquelle la foi était exprimée (bambara) notamment. Musique, percus, chants et danses ; tel était l’apanage de la messe ; bien loin de nos propres cantiques qu’on essaie de rendre plus gais depuis des années mais qui restent des interludes obligés au milieu d’un laïus austère et hermétique qui ne réussissent pas à délier les visages.
Bref, pour aller plus loin, je ne suis pas certaine que le surplus de gaieté reflète un surplus de foi. C’est plus culturel que religieux. Ici, quoiqu’il arrive, quelle que soit la situation dans laquelle on se trouve, on chante, on danse, on rit, on est là et on s’en fiche. Ca fait la différence ! Sans pessimisme aucun, simple constat.
On a, en ce qui nous concerne en Europe, une vision à plus long terme de nos actions, du déroulement de nos vies… (d’après mon expérience personnelle, sans généraliser obligatoirement), ce qui est peut être la cause de cette retenue, de cette austérité parfois.
Tous les avis sont les bienvenus pour alimenter la discussion…

Bon, c’était le volet nourriture spirituelle. En images maintenant :

















Côté bouffe au sens premier du terme, je me mets depuis peu à cuisiner à la malienne.
Zamé (Riz au gras), Tô (farine de mil ou de maïs + eau- sorte de polenta pour le maïs), couscous, boulettes de poisson, voilà mon actif.
Voilà mes partenaires qui sont mes voisines en l’occurrence :











La période des mangues est là et je me prépare à l’exploiter. Je ne m’étendrai pas plus sur le sujet mais ferai goûter à ceux que ça intéresse à mon retour. Je vais en effet faire le plein de produits transformés par diverses associations de femmes pour arroser le marché de l’Huis Renaud ! Sérieusement, si quelqu’un parmi vous entrevoit un marché potentiel pour des mangues séchées, noix de coco séchée, noix de cajou, beurre de karité, poudre de différents fruits locaux pour faire des jus… qu’il se fasse connaître. On est en marche vers la reconnaissance de qualité, labellisation à terme, ici.
Un tour à l’abattoir et au marché avec Cheick Oumar pour finir :












Mais ça aussi ça existe :image `a venir
marginal, il va sans dire.
Les choses évoluent… petit à petit- don doni en bambara…

vendredi 14 mars 2008

Pays Dogon







Les chapeaux dogons sur la tete de mes 2 nouveaux amis français rencontrés au début de l'excursion de 3 jours qu'on a faite ensemble finalement.

La formule est simple: marche et pauses dans des auberges sur le parcours. Le tourisme est plus présent que jamais. Marche ou 4X4 pour les moins téméraires ou les plus fortunés ou les plus vieux!
Une immensité, un chaos en cette période sèche, des communautés qui survivent malgré leur manque d'accès à l'eau. Des oasis de verdure aux abords des bras ou court encore un peu d'eau.










L'eau est là pourtant, souterraine, sous ces rochers mais les moyens pour y accéder font défaut. Que dire à quelqu'un qui te présente les choses en disant que les jeunes s'en vont, qu'ils ne restent pas parce qu'on n'a pas de dynamite pour creuser un puits... Eh bien, partez... on ne peut pas lutter contre la nature. Il faut se résigner à un moment donné ou galérer toute sa vie parce qu'on ne peut pas supporter le changement. C'est ce que j'ai envie de dire parfois mais c'est pas si simple et mécanique...



Le soir, on dormait sur les terrasses des auberges. Génial. Au son des coqs et des ânes (lol)!
Un séjour cool en somme.

Si vous voulez en savoir un petit peu plus sur le Pays Dogon, vous pouvez aller visiter le site http://www.toogezer.com/

Il s'agit d'un journal sur la citoyenneté et le développement durable, concis, intéressant. Il y a un article sur le pays dogon dans la dernière édition.

De retour à Bamako, j'ai vraiment senti l'été: chaud à crever mes amis, vrai ! Excusez l'expression mais on est à 37 degrés et au début de l'été seulement. Je ne suis pas en droit de me plaindre quoi qu'il en soit. La climatisation me suit dans bon nombre d'endroits ou je vais donc...
Voilà pour l'escale Nord Est. Inch Allah, j'aurai l'occasion de voyager encore ... mais rien n'est certain.
A vous lire .














mercredi 5 mars 2008

Suite du message précédent...






Cette fois ci, je vais le faire sans espaces interminables entre chaque phrase!



Mopti, capitale de la 5ème région du Mali : la Venise du Mali au confluent du Niger et son affluent, le Bani. Plusieurs ethnies s'y croisent: Peuls, Sonraï, Bozos, et Dogons.



Une vieille ville, une belle mosquée, des tissus et cuirs de bonne qualité. Une atmosphère particulière que j'ai aimée: entre Bamako et Ségou du point de vue taille et importance, Mopti est presque charmante, si, charmmante, je peux presque le dire.



A vous de voir à la lumière de mon objectif, i.e mon oeil et ma sélection sur la machine ( au passage, je vous invite à venir voir de vos propres yeux)



Mopti, sa mosquée, ses cheichs...

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